Agence France-Presse

3 janvier 2024 à 15h41

Au moins 103 personnes ont été tuées et plus de 180 blessées dans un attentat perpétré mercredi près de la tombe de Qassem Soleimani, architecte des opérations militaires iraniennes au Moyen-Orient dont l’Iran commémore le quatrième anniversaire de la mort, ont rapporté des médias d’État.

Une double explosion a eu lieu près de la mosquée Saheb al-Zaman, où se trouve la tombe du général Soleimani, à Kerman, dans le sud de l’Iran. Une foule compacte composée de représentants du régime et d’anonymes y était rassemblée pour une cérémonie.

L’attaque, qualifiée d’attentat par des responsables iraniens et les médias d’État, mais qui n’a pas été revendiquée dans l’immédiat, survient dans un contexte régional très tendu depuis le début du conflit il y a près de trois mois entre Israël et le Hamas à Gaza, et au lendemain de l’élimination d’un haut responsable du mouvement islamiste palestinien dans une frappe de drone près de Beyrouth.

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Image extraite d’une vidéo montrant des ambulances quittant le site où a eu lieu deux explosions successives lors de la commémoration de l’assassinat du général Soleimani à Kerman (Iran) le 3 janvier 2024. © Photo Iran press / AFP

« Le nombre de personnes tuées est passé à 103 après que des personnes ont succombé à leurs blessures », a indiqué l’agence de presse officielle iranienne Irna. La télévision d’État a fait état de 181 personnes blessées, dont certaines dans un « état critique ».

« À la suite de l’attentat terroriste survenu à Kerman [sud], le gouvernement a décrété demain [jeudi] journée de deuil national dans tout le pays », a aussi indiqué la télévision d’État.

L’attaque, la plus meurtrière en Iran depuis 1979, a été rapidement qualifiée d’acte « terroriste » par Rahman Jalali, adjoint au gouverneur de la province de Kerman, dans le sud de l’Iran.

Le président Ebrahim Raïssi a condamné un acte « odieux et lâche », son homologue russe Vladimir Poutine le jugeant pour sa part « choquant par sa cruauté et son cynisme » dans un message envoyé à Ebrahim Raïssi et à l’ayatollah Ali Khamenei, selon le Kremlin.

Bombes télécommandées

Qassem Soleimani avait été tué en janvier 2020, à l’âge de 62 ans, lors d’une attaque de drone américain en Irak. Homme clé du régime iranien, il était également l’une des personnalités publiques les plus populaires du pays.

Selon l’agence iranienne Tasnim, qui cite des sources bien informées, les explosions ont été provoquées par des « bombes dissimulées dans deux sacs ». « Les auteurs des faits ont apparemment activé les bombes via une télécommande », selon la même source.

« Nous marchions vers le cimetière lorsqu’une voiture s’est soudainement arrêtée derrière nous et qu’une poubelle contenant une bombe a explosé », a indiqué un témoin cité par l’agence de presse Isna.

Parmi les personnes tuées figurent trois secouristes qui se sont précipités dans la zone après la première explosion, selon le Croissant-Rouge iranien.

L’agence Isna, qui cite le maire de Kerman, Said Tabrizi, explique que les explosions se sont produites à dix minutes d’intervalle.

Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont montré des participants tentant désespérément de quitter le site alors que le personnel de sécurité bouclait la zone. Sur d’autres vidéos, on peut voir des personnes courant, paniquées et désorientées.

Peu après les explosions, des secouristes étaient à pied d’œuvre sur place. De nombreuses ambulances étaient également sur les lieux.

L’Iran a déjà été le théâtre d’attaques et d’attentats à la bombe qui ont fait des dizaines de morts, dont plusieurs ont été revendiqués par des groupes qualifiés de « terroristes » par Téhéran.

En 2019, un attentat suicide à la voiture piégée contre un bus des Gardiens de la révolution a tué 27 soldats dans le sud-est de l’Iran. Cet attentat avait été ensuite revendiqué par Jaish al-Adl, un groupe djihadiste formé en 2012.

« Martyr vivant »

Qassem Soleimani dirigeait la Force Qods, la branche des opérations extérieures du Corps des gardiens de la révolution islamique d’Iran, supervisant les opérations militaires dans l’ensemble du Moyen-Orient.

Déclaré « martyr vivant » par le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, alors qu’il était encore en vie, Soleimani était considéré comme un héros pour son rôle dans la défaite du groupe djihadiste État islamique en Irak et en Syrie.

Aux yeux de nombreux Iraniens, ses prouesses militaires et stratégiques ont permis d’éviter la désintégration multiethnique de pays voisins tels que l’Afghanistan, la Syrie et l’Irak.

Longtemps considéré comme un ennemi juré par les Etats-Unis et leurs alliés, Soleimani a été l’un des plus importants fondés de pouvoir de la région, fixant l’agenda politique et militaire de l’Iran en Syrie, en Irak et au Yémen, selon des observateurs.

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