4 juillet 2022 à 15h23
Le parquet général de la cour d’appel de Paris a annoncé lundi avoir formé des pourvois en cassation après le refus de la chambre de l’instruction d’extrader dix anciens militants d’extrême gauche italiens réclamés par l’Italie pour des faits de « terrorisme » dans les années 1970 et 80.
La chambre de l’instruction avait prononcé mercredi un avis défavorable à la remise aux autorités italiennes de deux femmes et huit hommes, âgés de 61 à 78 ans, eu égard au respect du droit à la vie privée et familiale et du droit à un procès équitable, prévus par les articles 8 et 6 de la Convention européenne des droits de l’Homme.
Le procureur général de Paris Rémy Heitz « a, ce jour, formé des pourvois en cassation contre ces arrêts », a-t-il annoncé dans un communiqué.
Au printemps 2021, après des mois de tractations, le président Emmanuel Macron avait décidé de favoriser la mise à exécution des demandes d’extradition de ces deux femmes et huit hommes, renouvelées un an auparavant par Rome.
Emmanuel Macron, qui avait qualifié au printemps 2021 leur arrestation de « moment historique », a réaffirmé au lendemain de la décision de la cour d’appel son souhait que les dix anciens activistes soient « jugés sur le sol italien ».
Le président a ajouté vouloir appliquer la « doctrine qu’a toujours eue la France » qui « n’avait rejeté que les demandes d’extradition de gens qui n’étaient pas impliqués dans des crimes de sang ».
« En l’espèce, ces gens-là ont été impliqués dans des crimes de sang et méritent d’être jugés sur le sol italien. C’est le respect que nous devons aux familles des victimes et à la Nation italienne », a-t-il expliqué, rappelant qu’il avait appuyé la demande du gouvernement italien pour ces brigadistes« en faveur de leur extradition.
Lors des audiences qui se sont déroulées du 23 mars au 15 juin devant la chambre de l’instruction statuant sur les extraditions, les anciens militants acceptant de s’exprimer ont raconté aux magistrats leur vie en France depuis parfois trente ou quarante ans.
Tous se croyaient protégés par la doctrine Mitterrand: le président socialiste (1981-1995) avait pris l’engagement de ne pas extrader les anciens activistes ayant rompu avec leur passé.
Epoque de violentes luttes sociales, les »années de plomb”, qui ont été marquées par une surenchère entre ultra-droite et ultra-gauche composée d’une myriade de groupuscules révolutionnaires, dont certains comme les Brigades rouges, se solderont par plus de 360 morts attribués aux deux bords, des milliers de blessés, 10.000 arrestations et 5.000 condamnations.