Écrit par Antoine Belhassen

Après son témoignage sur ses difficultés à trouver un travail et sur son quotidien marqué par la précarité, un homme de 59 ans qui vivait dans sa voiture à Aix-les-Bains (Savoie), a finalement obtenu un poste de serveur dans une maison de retraite à Agen (Lot-et-Garonne). Un “nouveau défi” dans sa vie, rendu possible à la suite d’un article de France 3 Alpes.

François habitait depuis fin septembre dans sa voiture, qu'il garait sur un parking d'Aix-les-Bains (Savoie).
François habitait depuis fin septembre dans sa voiture, qu’il garait sur un parking d’Aix-les-Bains (Savoie). • © FTV

“C’est un nouveau défi qui m’attend”, se réjouit François*. Mais, c’est aussi la fin d’un long tunnel pour cet ex-chef d’entreprise, rencontré mi-novembre sur un parking d’Aix-les-Bains où il dormait dans sa voiture. Ce mardi, François a signé un CDI auprès d’une maison de retraite d’Agen. “C’est un grand soulagement, il y a eu une bonne charge d’émotions. Ça a été fort”, témoigne-t-il.

François va, dans un premier, temps occuper un poste de serveur en restauration au sein de cet établissement, qui “sert près de 160 couverts par jour”, selon le gérant de la résidence “Les Écrins d’Aliénor”, Marc Delmas. “Il aura des perspectives d’évolution”, indique-t-il.

Les “4D”

C’est la fin d’une période difficile pour François. Mi-novembre, cet homme de 59 ans nous racontait ses difficultés à retrouver un emploi. Diplômé d’un Master, avec une grande expérience dans le management, il avait tout perdu en l’espace de quelques mois. Crise du Covid-19 et investissements risqués l’avaient mené dans la précarité : “le Covid, ça a été ce qu’on appelle les 4D : dépôt de bilan, divorce, dépression et déménagement”, nous expliquait-il.

Son quotidien était alors devenu “une question de survie”. Depuis près de trois mois, il dormait dans sa voiture après avoir rabattu deux sièges et déplié une couverture. Ses seuls compagnons étaient alors le froid, l’humidité et ses propres pensées. “La nuit, on se refait le film. On se demande pourquoi cette situation… Pourquoi on en est arrivé là… On ne dort pas.”

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François, qui ne touchait pas le chômage après avoir été dirigeant d’entreprise, devait se contenter d’un repas par jour. Mais aussi de quelques denrées distribuées par des associations comme le Secours Populaire et le Secours Catholique. C’est dans ce contexte de grande précarité que François nous avait fait part de ses difficultés à retrouver un travail.

Être “joueur”

Son récit avait interpellé Marc Delmas. “J’étais assis dans une salle d’attente à Bordeaux. Je me suis perdu sur Google et je suis tombé sur son témoignage. Je me suis demandé comment il était possible, en 2023, qu’une personne avec son profil en vienne à dormir dans sa voiture”, explique le gérant de la résidence.

“J’ai donc contacté la rédaction de France 3 Alpes afin de pouvoir me rapprocher de François. Trente minutes plus tard, nous étions au téléphone. J’ai compris que son parcours était atypique”, poursuit Marc Delmas. “Il avait une expérience dans la restauration. Je cherchais quelqu’un dans la restauration. Ça n’a pas mis dix minutes à faire tilt…”

Il découvre que le parcours de François ne lui est pas indifférent. “J’ai connu aussi des difficultés. J’ai perdu des sociétés après une élection politique où le marché immobilier s’est effondré. Je sais ce que ça peut faire de tout perdre, même si je n’en suis pas venu à dormir dans ma voiture.”

Il concède être un peu “joueur” : “Normalement, les chefs d’entreprise proposent un travail après un entretien. Là, je lui ai proposé un CDI après notre échange téléphonique”, sourit-il. Une proposition acceptée par François. Mais celui-ci doit encore faire le voyage jusqu’à Agen. Près de 700 km et pas assez d’argent pour mettre de l’essence dans le moteur.

Rejoindre Agen

“J’ai demandé à Pôle emploi de m’aider, mais ça a été très compliqué. Au final, c’est le Secours Catholique et M. Delmas qui m’ont avancé les frais”, raconte le nouveau serveur. “Il devait faire une étape à Rodez. Il n’avait pas de quoi se loger et voulait repasser une nuit dans sa voiture. Il faisait -4 degrés cette nuit-là à Rodez. Je lui ai dit que c’était inimaginable, sous ma responsabilité, qu’il passe la nuit dehors. Je lui ai donc payé une nuit d’hôtel avant qu’il ne puisse rejoindre Agen.”

C’est une aventure et un challenge de plus dans ma vie.François.

Arrivé ce lundi dans le Lot-et-Garonne, François séjourne encore à l’hôtel avant de trouver un logement : “c’est assez déconcertant. Je retrouve des usages que j’avais perdus. Je prends un petit-déjeuner, je n’ai pas qu’un repas par jour, j’ai rangé ma valise, je me retrouve au chaud dans un vrai lit… C’est perturbant. La première nuit a été difficile. Je n’ai pas fait une nuit entière”, témoigne-t-il.

“Il faut que je retrouve mes marques”, ajoute-t-il. Ce mercredi, François effectuera son premier service dans la maison de retraite.“Il va falloir que je fasse de mon mieux. C’est une aventure et un challenge de plus dans ma vie et j’en suis très heureux.”

*À sa demande, le prénom a été modifié afin de garantir son anonymat.

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