Aglaë Fradois, procureur de la République a requis ce vendredi matin eux ans de prisons dont un an ferme pour sept des 8 prévenus pour des violences racistes et sexistes en juin dernier dans le quartier saint Michel. Six mois ferme et 18 mois de sursis pour le 8ème.

Palais de Justice de Bordeaux Ph JFM

Un réquisitoire implacable pour la représentante de l’État qui n’a laissé , aucune place au doute sur la réalité de ce qu’elle qualifie d’expédition punitive préméditée et exécutée au nom de Bordeaux nationaliste. Aucun doute sur la réalité fascisante des cris, des gestes, des insultes, des agressions. Mensonges et dissimulations, ainsi qualifie-t-elle les tentatives du groupe tentant de passer pour des victimes. “Ils sont bien, et tous, à l’origine de la violence (…) les outrages sexistes en réunion sont également caractérisés“, assure Aglaë Fradois. Ils sont “mus par une idéologie autoritaire, viriliste, extrémiste. L’histoire bégaie

Un an ferme

Ne soyez pas dupe, demande-t-elle en substance au tribunal. Faîtes preuve de prudence et de fermeté. “Les faits sont intolérables, exécrables. Vous devez donner un signal punitif, une peine adaptée mais dissuasive, qui prenne en compte lieur dangerosité et le risque de réitération. Ce sont de vrais délinquants”. Et la procureure de réclamer des peines de prison ferme car rien ne dit qu’ils vont cesser… D’où les réquisitions de deux ans ferme pour 7 des 8 prévenus avec un sursis d’un an assortis d’une liste d’interdiction: rentrer en contact entre eux et avec les victimes, interdiction de participer à des manifestations, de paraître à Saint-Michel, et avec encore l’obligation de participer à un stage de lutte contre les discriminations.(1) Une toute nouvelle initiative initiative d’une association en lien avec le musée d’Aquitaine dont les prévenus seraient les premiers participants si le tribunal suit les réquisitions de la procureure. la magistrate a cependant ouvert la voie à une possibilité d’aménagement de peine, à effectuer à domicile avec surveillance électronique.

ceux qui n’ont rien fait sont ceux qui sont restés silencieux.

Des réquisitions sans faiblesse qui vont dans le sens des demandes des parties civiles, Pour rappel, 3 personnes physiques et 3 associations (LDH, Licra et SOS racisme) se sont portées parties civiles. Arié Alimi a fait référence à un autre procès emblématique de la ville, celui de Maurice Papon, il y a plus d’un quart de siècle dans ces mêmes locaux où il fut principalement question de la responsabilité de l’état français et de sa complicité, à travers Maurice Papon secrétaire générale de la préfecture de la Gironde, dans l’exécution de la Shoah. Il a rappelé les propos alors tenu par Michel Tubiana, représentant alors la LDH selon lesquels “ceux qui n’ont rien fait sont ceux qui sont restés silencieux.” Michel Tubiana pose la question de la responsabilité individuelle et collective, celle d’un peuple qui laisse faire. Question toujours vivace car on assiste au retour de la peste brune avec un vrai risque de prise de pouvoir par l’extrême droite.. En l’espèce, on n’a pas affaire ici à deux camps qui s’affrontent mais à un groupe qui veut provoquer de la violence, créer de la rixe. Quant au coup de poing porté par la personne venue en défense, il s’agit de légitime défense d’autrui et partant d’un acte de courage .

Excuses et ruptures

Les avocats des parties civiles à l’exception d’une avocate a quitté le prétoire laissant la défense prêcher dans un demi-désert. Rude tache pour remonter une pente savonneuse notamment pour Maitre Émile Tribalat en charge de la défense de 6 prévenus. Comme ses clients, il cherche avec moult argutie à instiller le doute et le flou, réintroduisant dans le débat la théorie des groupes antagonistes, niant la préméditation, et le terme de ratonnades. Pas de sexisme non plus contre toutes les preuves sonores, un flou généralisé qui lui permet de réclamer la relaxe de ses clients. Une défense comme si il n’y avait pas eu préalablement de débat, comme si on reprenait à zéro l’affaire…

Tous les prévenus ont ensuite présentés des excuses comme une leçon bien apprise, tous sauf uns ont affirmé avoir rompu tout lien avec la mouvance nationaliste, on aimerait les croire. On peut aussi regretter que dans ce procès le rôle d’amplificateur d’idées nauséeuses jouées pendant la campagne présidentielle par les médias Bolloré en particulier et la place accordé aux élucubrations, mot bien faible, de Zemmour, certains des prévenus ont d’ailleurs participé à la campagne de celui qui a plafonné à 7%…

Le tribunal rendra son délibéré le 16 mai prochain à 17h en ce même lieu. En attendant, les prévenus, et le président Charles Moynot le leur a clairement rappelé, restent sous contrôle judiciaire.

Jean-François Meekel

1: L’AEM, association d’enquête et de médiation, a signé un protocole avec le parquet de Bordeaux et le musée d’Aquitaine pour initier des stages de lutte contre les discriminations. Si le tribunal suit cette demande, ils seraient les tout premiers à y participer.

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