La télécommande

En 2014, l’année où la guerre civile en Syrie est à son apogée, un groupe révolutionnaire s’emparait d’Avicenne, l’hôpital psychiatrique dans la banlieue proche de Damas. Deux mondes entraient alors en collision. Celui des habitants de cet « asile », l’excédent qui ne sert à rien, les décombres d’une société ultraviolente verrouillée par les tabous politiques et confessionnels, et animée par la corruption. Et celui des rebelles arrivant en libérateurs, avec toute la certitude et la cruauté indispensables pour mener une guerre. Cette rencontre sera tout à fait explosive. Elle fera voler en éclats notre vision binaire de cette réalité indicible,elle nous fera tenir par la main la racine épineuse du mal syrien et elle nous fera rire de douleur.Les auteurs Dramaturge franco-syrien, Abdulrahman Khallouf est né à Damas en 1977. Son livre de chroniques,Ne parle pas sur nous, éditions Ici&là Reportages Poétiques,paraît en 2017, ainsi que deux textes de théâtre,Sous le pont suivi de Le gant,aux éditions Moires. En 2018 il travaille à la mise en scène de La télécommande.Psychiatre syrien, Najdat Khallouf est né à Damas en 1973. Psychiatre pratiquant dans plusieurs pays du Moyen-Orient depuis une vingtaine d’années(dont sept années à l’hôpital Avicenne, à Damas), il est aussi consultant pour plusieurs médias arabes sur les questions relatives à la santé psychologique.La télécommande Abdulrahman & Najdat Khallouf Théâtre EN LIBRAIRIE LE 7 AVRIL 2018Collection Nyx 92 pages / 13€ Livre publié avec le soutien du www.les éditions moires.fr sur Facebook

Note d’intention:

Abdulrahman Khallouf a voulu s’inspirer d’un fait divers dans le feuilleton sanglant de la guerre civile de son pays d’origine pour une création théâtrale. Dans son avant-scène, l’auteur rappelle le contexte : «l’événement se situe en 2014 lorsqu’un groupe révolutionnaire réussit à s’emparer de l’hôpital psychiatrique qui se trouve dans une banlieue proche de Damas. Ce jour-là, toute l’équipe médicale et le service de sécurité prennent la fuite, laissant les résidents de l’hôpital Avicenne à leur triste sort.Les rebelles prennent alors le contrôle de l’hôpital pendant quelques heures avant que le régime n’envoie une division de l’armée syrienne régulière et ne récupère le bâtiment.» Ce sont ces quelques heures que le dramaturge Abdulrahman a souhaité faire vivre sur scène. Pour l’accompagner dans l’écriture de la pièce, il a fait appel à son frère, Najdat, ce dernier ayant travaillé auparavant en tant que psychiatre dans ce même hôpital pendant sept ans. Les deux frères ont collaboré étroitement pour la construction des personnages et celle de la trame dramatique de l’action, et pour une cohérence politique, psychologique et sociale de l’ensemble. Cette co écriture, c’est aussi une façon pour eux de «réécrire l’histoire de leur pays et d’interroger la réalité immuable de la guerre», ils tentent d’y reproduire la vie. C’est une pièce tragiquement drôle. Tout y est absurde, la guerre pourtant bien réelle, le contexte surréaliste d’un hôpital psychiatrique abandonné aux mains des rebelles en 2014, des patients souffrants de maladies chroniques et d’autres internés de force pour sauver l’honneur des familles, jusqu’au dénouement de la pièce.

Extrait

Adnan (excédé).− Qu’elle folie m’a pris de rester ici ! Tout le monde s’est sauvé, les militaires, les médecins, les infirmiers. Moi, je me suis dis « non, jamais je laisserai ces pauvres tout seuls, ils vont mourir de faim ». (criant) Arrêtez de m’énerver et de me faire regretter ! Sinon je vais péter un câble et vous montrer les vrais fous comment c’est.(hystérique) Prends tes cachets tout de suite ! Hanan prend les cachets apeurée. Elle les avale aussitôt. Adnan lui donne une autre poignée de cachets.Abdulrahman Khallouf ©Lyad Kallas Najdat Khallouf

Les auteurs

Dramaturge franco-syrien,Abdulrahman Khalloufest né à Damas en 1977. Son livre de chroniques,Ne parle pas sur nous, éditions Ici&là Reportages Poétiques,paraît en 2017, ainsi que deux textes de théâtre,Sous le pont suivi de Le gant,aux éditions Moires. En 2018 il travaille à la mise en scène de La télécommande. (Voir le portrait d’Abdulrahman dans Ancrage n° 57)

Psychiatre syrien, Najdat Khallouf est né à Damas en 1973. Psychiatre pratiquant dans plusieurs pays du Moyen-Orient depuis une vingtaine d’années(dont sept années à l’hôpital Avicenne, à Damas), il est aussi consultant pour plusieurs médias arabes sur les questions relatives à la santé psychologique

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