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C’est une nouvelle avancée dans la reconnaissance des droits des tirailleurs sénégalais : 22 dossiers viennent d’être examinés pour permettre à ces anciens vétérans de rejoindre leur pays d’origine sans perdre le minimum vieillesse…

Avec

  • Anthony Guyon Historien français

Qui étaient les tirailleurs sénégalais ?

Anthony Guyon rappelle que le terme de “sénégalais est un peu trompeur, et c’est sans doute une des raisons pour laquelle le film s’appelle Tirailleurs”. En effet, “sénégalais est un terme générique qui recouvre l’ensemble des combattants africains de l’Afrique occidentale française et de l’Afrique équatoriale française. Ce sont donc des soldats qui peuvent être Sénégalais, mais qui peuvent aussi être, si on prend les pays actuels, de Côte d’Ivoire, du Mali et, jusqu’au Gabon” continue l’historien.

Durant la Première Guerre mondiale, “les tirailleurs sénégalais sont essentiellement des fantassins, il y a très peu d’artilleurs car l’état-major estime que ces hommes ne sont pas assez qualifiés, ni intelligents pour manipuler des armes relativement techniques. Il y a même l’invention d’un parler tirailleur où l’on ne conjugue pas les verbes : “toi mettre cartouche dans le pistolet” par exemple” développe le spécialiste des sociétés coloniales.

La question des pensions

Ces soldats “ont participé à toutes les guerres” : d’abord la Première Guerre mondiale, “la Seconde Guerre, mais aussi dans les combats de l’entre-deux guerres – la guerre du Rif, la guerre au Levant -, et également soit la guerre d’Indochine, soit la guerre d’Algérie, et parfois même les deux” explique Anthony Guyon, avant d’ajouter : “quand arrivent les indépendances, c’est terrible pour eux car ils sont le bras armé de la France donc ils répriment. Le tirailleur sénégalais est vu de manière extrêmement négative, il y a des massacres de tirailleurs sénégalais, notamment en Syrie et à Madagascar”.

Les indépendances ont une autre conséquence sur les tirailleurs continue l’historien : “les pensions ne sont plus indexées à partir du moment où le pays dont le soldat est originaire obtient son indépendance. On se retrouve dans une situation ubuesque où un Ivoirien, un Malien, un Nigérian ou un Gabonais ne sont pas touchés les mêmes sommes”. “Le premier combat a été de décristalliser ces pensions, le deuxième était d’obtenir la nationalité française pour 28 tirailleurs, et dernièrement on a appris que ces soldats pourront rentrer chez eux tout en continuant de toucher leur pension alors que jusqu’à maintenant ils devaient rester six mois en France pour bénéficier de cette pension”.

Pour aller plus loin

Anthony Guyon, Les tirailleurs sénégalais. De l’indigène au soldat, de 1857 à nos jours, Editions Perrin, 2022.

Légende photo de tête Bataillon d’artilleurs sénégalais pendant la Première Guerre mondiale ©Getty

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