Le district Jindires du canton d’Afrîn situé dans l’extrémité nord-ouest de la Syrie a subi et en plein fouet les effets destructeurs du séisme qui a frappé le sud-est de la Turquie et le nord de la Syrie.

Espoir Afrîn

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Des quartiers entiers de Jindires ont étaient réduits en cendre. Des centaines d’immeubles et de maisons ont été détruits. Plusieurs centaines ou plusieurs milliers de personnes et des familles entières sont ensevelis sous les décombres et sont prisonniers depuis trois jours de leurs propres biens.

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Les bonnes volontés ne manquent pas : la défense civile, les mains nues, tentent de sauver les gens qui poussent des cris de détresse et des appels à l’aide des caves et des décombres de la mort dans lesquels ils sont emprisonnés.

De temps en autre, un enfant, une femme ou un jeune garçon sont volés aux ténèbres dans lesquelles ils attendaient impatiemment de voir la lumière du jour.

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« Il est lundi, mardi ? Non. Il est mercredi ? N’est-ce pas ? On vagabonde d’une rue à l’autre. On restait dans les jardins publics jusqu’à l’aube. On s’est rendus chez un proche, on ne pouvait pas rester à cause des secousses. C’est une maison traditionnelle d’un étage. Puis on s’est rendu dans les cimetières. Nous avons passé la nuit dans un cimetière pour enfant. La nuit, mes enfants pataugeaient dans la boue. On a été obligé de partir. Hier, nous avons passé toute la journée dans un jardin. Il faisait très froid. Nous étions morts de froid. Ce matin nous sommes retournés chez nous, quel bordel ! J’ai laissé les enfants devant la porte. Je suis montée très très vite et j’ai récupéré quelques affaires. J’étais sur le point de partir, mais la terre tremble de nouveau. J’ai eu très peur, mes genoux tremblaient, je dévalais les marches de l’escalier, mes pieds ne me portaient plus. Je sentais que j’allais tomber dans l’escalier. Je suis enfin dehors. Il y a plein des gens qui courraient dans la rue. Tout le monde est dehors. On disait qu’un deuxième tremblement est possible. « Faites attention à vous disaient les gens » l’esprit confus, témoigne Sihame.

La question se pose légitimement : où est passée l’aide humanitaire ? Pourquoi il n’y en a pas pour Jindires ?

L’ampleur de la catastrophe exige des moyens qui ne sont pas à la portée de la population locale. Les mains nues ne peuvent pas déplacer des millions de tonnes de gravats et de béton armé. Sauver les survivants qui attendent dans l’obscurité de leurs foyers réduits à un amas de gravats exige des véhicules spécialisés, des Bulldozers et des grues capables de soulever des toitures et des colonnes faites de béton armé. Cette machinerie industrielle manque cruellement. Pourquoi personne ne bouge le petit doigt et n’ordonne l’envoi de cette machinerie pour sauver des vies humaines en détresse ?

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Les soi-disant révolutionnaires de la révolution syrienne, depuis des années à la solde de la Turquie, qui ont formé ce qu’on appelle le gouvernement syrien de transition restent sourds-muets. La région d’Afrin ne fait vraisemblablement pas partie de leurs préoccupations. Ils ne s’y intéressent que quand il s’agit de spolier les biens des Kurdes et de les pousser à l’exil.

Les sbires à la solde de la Turquie et les innombrables factions djihadistes qui obligent les Kurdes à faire la prière cinq fois par jour et à forcer les Yézidis à se convertir à l’islam s’activent dans tous les sens du terme afin que l’aide n’arrive pas aux sinistrés de la région.

« Nous avons passé la nuit dans la voiture en pleine nature. Nous sommes glacées. Nous sommes morts de froid. Ce matin mon époux est parti inspecter la maison. Nous a-t-on volé ? Finalement, tout là dans la maison, l’immeuble ne s’est pas écroulé, mais on n’ose pas y retourner. Chacun se débrouille comme il peut, certains s’abritent dans les voitures, d’autres restent dans la nature. D’autres personnes squattent les maisons vides. On n’ose pas retourner chez nous. Que deviendrons-nous ! Je veux rentrer chez moi pour me chauffer. Mon époux m’interdit de regagner l’immeuble où nous habitons. En ce moment je suis chez ma fille, son immeuble est fissuré. On se chauffe et on mange un morceau. Puis on ira de nouveau dans la voiture. Il est fort possible que la terre tremble de nouveau.», raconte Nisrine, le cœur brisé.

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Les dernières nouvelles en provenance des villages sinistrés à Afrin signalent que les gangs de voleurs sévissent et ils prennent tout ce qu’ils trouvent dans les maisons abandonnées. Même le peu d’aide acheminée par la population des autres villes n’échappe pas à leur cupidité.

Quant à elle, la Turquie, sous le prétexte que les routes ne sont plus praticables, interdit l’acheminement de l’aide envoyée par le Kurdistan du Sud (irakien) au Rojava et à Afrin. L’ONU, honte à elle, sous le prétexte d’une résolution qui a prolongé de six mois l’acheminement de l’aide humanitaire pour la Syrie via la Turquie, ne trouve pas d’autre issue à cette impasse juridique que de passer par la Turquie qui bloque les convois. La Turquie a bloqué les points frontière de Hammamet de Bab el Hawa car les routes ont été abîmées par le séisme selon les dires des autorités turques.

Il y avait à Afrîn de la machinerie industrielle de forage et de déblayage que les sbires soutenus par la Turquie utilisaient dans leurs recherches d’antiquités à Afrîn. Or, le constat s’impose : ce matériel a été transféré en Turquie. Des témoins attestent qu’il se trouve désormais du côté turc de la frontière.

Les organisations humanitaires brillent par leur absence. La récolte des dons est un sujet tabou, la mobilisation de la population en Europe et en France si généreuse envers certains peuples est une conversation à éviter. L’envoi de médicaments, d’ambulances et des équipes spécialisées dans ce genre de catastrophes n’est pas un sujet d’actualité.

Ce séisme est vu comme du pain béni par les organisations caritatives turques et koweïtiennes qui récoltent de l’argent que dans le but de parfaire le changement démographique à Afrîn. L’argent est récolé, mais aucune ambulance ne met en route ses sirènes dans les ruelles sinistrées de Jindires. Tout ce que nous entendons se résume aux cris de détresse des familles ensevelies sous les décombres.

Nous appelons à votre générosité peuple d’Europe. Nous appelons à votre humanisme et à votre sens de la responsabilité.

Des associations kurdes sérieuses* récoltent des dons, vous pouvez contribuer à sauver des vies.

Nous appelons l’Europe humaniste et démocratique à intervenir en toute urgence pour sauver le peuple qui l’a défendu et a vaincu Daech pour la sécurité de l’Europe. Nous appelons les États-Unis d’Amérique à intervenir pour empêcher que des gens ne meurent par la volonté d’un dictateur sanguinaire qui profite d’une catastrophe naturelle pour régler ses comptes avec un peuple d’une culture millénaire.

Nous vous invitons à organiser l’aide humanitaire et ne pas laisser des voleurs, qu’ils soient de simples terroristes djihadistes, des partis politiques, des associations caritatives à la solde d’un dictateur ou le dictateur lui-même, détourner l’argent et les aides pour leurs propres intérêts.  

Espoir Afrin

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*Nous vous encourageons à adresser vos dons à ces associations :

  • La Fondation Institut Kurde de Paris

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