Depuis plusieurs années, nous accompagnons des réfugiés afghans qui tentent, en vain, de faire venir leurs épouses, au titre de la réunification familiale.

Juliette Bénézit, dans un article du 16 Aout, résumait assez bien les difficultés innombrables rencontrées par ces personnes, qui n’ont pu, depuis des années, faire valoir leur droit à cette réunification.

Je voudrais apporter un exemple datant d’aujourd’hui de cette difficulté persistante.

Le jour même de l’occupation de Kaboul par les talibans, M. S. , réfugié afghan, a reçu un courrier du consulat de France à Islamabad l’informant que tout le processus qu’il avait débuté il y a plus d’un an auprès de ce consulat en vue de faire venir son épouse était arrêté. On lui suggérait de s’adresser aux consulats de France de Téhéran ou de New Delhi. Aucune adresse ou contact n’était fournie !

Nous avons donc travaillé avec ce monsieur durant des heures pour arriver à comprendre la procédure. Nous avons fini par comprendre qu’il fallait utiliser l’application France-Visas. Encore une plate-forme administrative, un labyrinthe de plus, qui fonctionne cahin-caha, dans lequel nous avons erré plusieurs heures, remplissant d’innombrables renseignements.

Nous avons néanmoins eu, assez vite, un retour du consulat à Téhéran. Nous avons renvoyé un fichier Excel, puis d’autres documents, comme on lance des bouteilles à la mer. Et là, miracle, un rendez-vous est arrivé, pour le 6 Octobre. (Voir copie d’écran)

La question qui s’est alors posée était : comment va faire cette dame pour y aller ? Nous avons alors tenté sur une autre plate-forme d’obtenir pour elle un visa iranien. Après d’innombrables essais, la réponse est tombée : pas de visa iranien pour les afghans.

M.S. était désespéré, il ne voyait pas comment sa femme pouvait faire pour rejoindre Téhéran.

Aujourd’hui, 6 Octobre, M.S. nous apprend que sa femme est partie toute seule, et qu’elle a réussi à rejoindre Téhéran ! Immense joie.

La suite est moins réjouissante : quand elle est arrivée au consulat, on lui a dit qu’il y avait une erreur dans l’enregistrement sur France visas, qu’elle pouvait donc repartir.

Cette dame a pris des risques énormes, elle parvient à son but, et on invoque une erreur dans ce qui est écrit sur cette maudite plateforme pour lui interdire l’accès du consulat.

Comment forcer cette porte ? Comment ne pas abandonner cette femme courageuse dans cette ville où elle ne connaît personne, au milieu de gens dont elle ne parle pas la langue.

A qui faut-il s’adresser pour elle qui n’est ni militante féministe, ni artiste, ni sportive, mais simple femme de réfugié ?

Jean-Luc PLANET

Président de la CIMADE des Hautes Pyrénées

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