Porte-parole de la lutte des femmes de chambre de l’hôtel Ibis Batignolles à Paris pendant 22 mois, Rachel Keke, une Ivoirienne naturalisée française en 2015, a été élue dimanche députée de la 7e circonscription du Val-de-Marne face à l’ancienne ministre des Sports Roxana Maracineanu.

C’est l’une des figures marquantes de ces élections législatives. Rachel Keke a été élue, dimanche 19 juin, députée de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) dans la 7e circonscription du Val-de-Marne, face à l’ancienne ministre des Sports Roxana Maracineanu, avec 50,31 % des suffrages

Née en 1974 dans la commune d’Abobo, au nord d’Abidjan, d’une mère vendeuse de vêtements et d’un père conducteur d’autobus, Rachel Keke est arrivée en France en 2000 à l’âge de 26 ans. D’abord coiffeuse, femme de chambre, puis gouvernante, elle a été naturalisée en 2015.

“Merci à la France de m’avoir accueillie, merci à la France de m’apprendre beaucoup de choses, merci à la France de me faire confiance”, a-t-elle réagi, dimanche soir, face aux médias après l’annonce de sa victoire.

Grève de 22 mois

Cette militante CGT de 48 ans, mère de cinq enfants, s’est fait connaître lors des 22 mois de grève des femmes de chambre de l’hôtel Ibis Batignolles à Paris, entre 2019 et 2021, lorsqu’elle s’est mobilisée pour améliorer les salaires et les conditions de travail des femmes de ménage face au “mépris” de la direction.

“C’est un métier qui détruit le corps. Il y a des syndromes du canal carpien, des tendinites, des maux de dos…”, expliquait-elle à l’AFP pendant la campagne, se souvenant encore de cette sensation, “comme si on [lui] avait donné des coups partout”, après son premier jour en tant que femme de ménage, en 2003.

La “voix des sans-voix”

De ce combat, elle a gardé une grande pugnacité et s’est promis d’”être la voix des sans-voix, des travailleurs qui se lèvent tôt, qui se détruisent le corps à faire des métiers, qu’on a appelés ‘les essentiels’ pendant le Covid-19 et qui n’ont récolté, en retour, que du mépris et des difficultés toujours plus grandes à boucler les fins de mois.”

À BFMTV qui lui demandait récemment si l’étiquette de “première femme de chambre élue à l’Assemblée” l’agaçait, Rachel Keke a répondu que ce n’était pas le cas. “C’est une fierté. Il n’y a pas de sous-métiers”, a-t-elle souligné

Sa fierté est aussi celle d’avoir fait tenir ses collègues au cours d’un combat particulièrement long. “Dans la grève, quand mes collègues se décourageaient, quand elles trouvaient ce bras de fer trop dur, quand elles avaient froid, je leur disais de tenir bon, de ne jamais baisser les bras. J’étais sûre qu’on allait finir par gagner et on a gagné. Là c’est pareil”, a-t-elle déclaré dimanche soir après sa victoire.

Dès ses premiers pas à l’Assemblée, la nouvelle députée a promis de s’intéresser à la situation des femmes de ménage du palais Bourbon.

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