Valérie Pécresse a exigé que les personnes justifient de leur statut d’exilés. En tant que maire de Paris, Anne Hidalgo a dit avoir mis en place une cellule de crise pour organiser l’hébergement des Ukrainiens qui arriveraient dans la capitale.

Par Julien Lemaignen

La France doit « prendre sa part » de l’exode ukrainien. Depuis le premier jour de l’offensive de Moscou, jeudi 24 février, la formule a fleuri dans les interventions de plusieurs candidats à l’Elysée, de Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise, LFI) à Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France, DLF) en passant par Yannick Jadot (Europe Ecologie-Les Verts, EELV). La plupart des prétendants, à l’exception notable d’Eric Zemmour, estiment que la France doit concourir à l’accueil de réfugiés fuyant la guerre lancée par la Russie.

Pour le candidat de LFI, interrogé le 24 février sur Franceinfo, « si nous sommes solidaires de l’Ukraine, c’est le moment de le manifester (…). Ces pauvres gens subissent un sort auquel ils ne s’attendaient pas ». Dans un communiqué, son concurrent écologiste a dit se « réjouir » que l’Union européenne « se soit déclarée “pleinement préparée” à accueillir les Ukrainiennes et Ukrainiens qui fuiraient leur pays, ajoutant qu’elles et ils étaient “les bienvenus” ».

Emmanuel Macron, non encore candidat à sa propre succession, a dit, dans la nuit du 24 au 25 février, à l’issue d’un Conseil européen exceptionnel, que « la France, comme tous les autres pays européens, prendra sa part » non seulement pour « assister la population ukrainienne », mais aussi pour « accueillir » des réfugiés venus de ce pays. La majorité se serait sans doute passée du commentaire de Jean-Louis Bourlanges, député du MoDem allié à La République en marche (LRM), qui a estimé, vendredi sur Europe 1, que les Ukrainiens constitueraient en France une « immigration de grande qualité, dont on pourra tirer profit » : elle serait composée notamment, selon lui, d’« intellectuels ».

« Nous aurons à être solidaires et accueillants de celles et ceux qui fuient aujourd’hui leur pays en guerre », a affirmé Christiane Taubira, sur Twitter, au premier jour de l’invasion. « Nous sommes auprès du peuple d’Ukraine, et nous avons des inquiétudes, et nous les accueillerons le temps qu’ensemble nous puissions chasser l’armée russe de leur territoire », a-t-elle précisé, un peu plus tard le même jour, lors d’un rassemblement place de la République, à Paris.

« Tradition d’accueil »

« Nous devons nous préparer à l’accueil de réfugiés », a déclaré Anne Hidalgo, jeudi, en précisant qu’il faut aussi « accompagner matériellement et humainement les pays limitrophes » de l’Ukraine. La candidate socialiste a pris les devants en tant que maire de la capitale : un communiqué de la Ville de Paris, publié dimanche 27 février, stipule que la municipalité a « mis en place une cellule de crise afin de mettre tous les moyens en œuvre pour assurer l’hébergement des Ukrainiens bloqués à Paris ou qui viendraient s’y réfugier », et que « des mesures d’aides complémentaires seront précisées dans les prochains jours ».

« Notre tradition d’accueil doit aujourd’hui vivre plus que jamais », a renchéri le communiste Fabien Roussel au micro de BFM-TV, le 26 février, évoquant des « drames humains ». « J’espère que nous allons tous le dire, y compris ceux qui disaient il y a quelques jours qu’il faut ériger des murs à la frontière de l’Union européenne et n’accueillir personne », a-t-il précisé en référence à une proposition d’Eric Zemmour.

Dans une tribune publiée vendredi sur FigaroVox, la version numérique des pages débats et opinions du Figaro, la candidate de la droite, Valérie Pécresse, s’est aussi positionnée en faveur de l’accueil de réfugiés, en l’assortissant de conditions et en prenant soin d’afficher une certaine fermeté sur la politique d’asile. « Si la situation l’exigeait, écrit-elle sans préciser les critères qu’elle retient, je souhaiterais que la France manifeste sa solidarité en accueillant des réfugiés ukrainiens qui justifieraient de ce statut, bien davantage que les faux réfugiés qui sont indûment entrés en Europe ces dernières années. » Le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan a aussi jugé, lundi 28 février sur France Inter, que « la France doit accueillir sa part de réfugiés, bien évidemment », du fait de « souffrances abominables ». Pour lui, « on doit prendre notre part du fardeau en évitant quand même de déménager un peuple ».

« Rentrer chez eux »

La question distingue enfin les deux candidats d’extrême droite. Marine Le Pen a estimé, le 25 février sur RMC-BFM-TV, qu’il faut « bien sûr » accueillir, « sous l’égide du Haut-Commissariat pour les réfugiés » des Nations unies, les Ukrainiens qui souhaiteraient venir en France, car « il faut respecter la convention de Genève » sur le droit de la guerre. Au contraire, a jugé Eric Zemmour, lundi 28 février sur RTL, l’arrivée de réfugiés ukrainiens risque de « déstabiliser la France, qui est déjà submergée, je dis bien submergée, par l’immigration ». Le candidat de Reconquête ! préfère donc qu’ils « soient en Pologne », pays qu’il « faut aider » à faire face.

« Il n’est pas bon d’arracher les gens comme ça loin de leur pays », a-t-il précisé. Depuis la Pologne voisine, les réfugiés « pourront plus facilement rentrer chez eux quand la guerre sera finie », a justifié le candidat, qui demande, pour aider ce pays, que Bruxelles lève les sanctions qu’elle lui a infligées pour non-respect de l’Etat de droit. Jusqu’à présent, selon l’Agence France-Presse (AFP), 300 000 Ukrainiens sont arrivés dans l’Union européenne, d’après la Commission européenne, dont la moitié en Pologne, selon Varsovie.

Julien Lemaignen

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