Le groupe est soupçonné d’avoir versé en 2013 et 2014, via une filiale, plusieurs millions d’euros à des groupes terroristes, ainsi qu’à des intermédiaires, afin de maintenir l’activité d’une cimenterie en Syrie. Il a annoncé vouloir engager un recours.

Le Monde avec AFP

Vue de la cimenterie Lafarge dans le désert syrien, près de Raqqa.
Vue de la cimenterie Lafarge dans le désert syrien, près de Raqqa. SOPA IMAGES / JOHN WREFORD / SOPA IMAGES/SIPA

La cour d’appel de Paris a confirmé, mercredi 18 mai, la mise en examen du groupe cimentier Lafarge pour « complicité de crimes contre l’humanité » concernant ses activités jusqu’en 2014 en Syrie, a déclaré Claire Tixeire, conseillère juridique du Centre européen pour les droits constitutionnels et les droits humains, à l’issue de l’audience. Le cimentier a aussitôt annoncé vouloir engager un recours.

Dans le cadre de cette information judiciaire ouverte en juin 2017 et objet de nombreux rebondissements procéduraux, le groupe – désormais filiale d’Holcim – est soupçonné d’avoir versé en 2013 et 2014, via une filiale, plusieurs millions d’euros à des groupes terroristes, dont l’organisation Etat islamique (EI), ainsi qu’à des intermédiaires, afin de maintenir l’activité d’une cimenterie en Syrie alors que le pays s’enfonçait dans la guerre. Le groupe avait investi 680 millions d’euros dans la construction de ce site, achevé en 2010.

La cour d’appel a suivi sur ce point les réquisitions du parquet général, qui estimait que l’entreprise avait « financé, via des filiales, les activités de l’EI à hauteur de plusieurs millions de dollars, en connaissance précise des agissements » du groupe terroriste.

Contre cette fois l’avis du parquet général, la cour d’appel a prononcé le maintien de la mise en examen de Lafarge pour « mise en danger de la vie d’autrui », c’est-à-dire des ex-salariés syriens qui ont été amenés à continuer leur activité dans la cimenterie de Jalabiya alors que la région était en proie à la guerre civile.

Le groupe avait obtenu de la cour d’appel de Paris en novembre 2019 l’annulation de sa mise en examen en 2018 pour « complicité de crimes contre l’humanité ». Mais en septembre 2021, la Cour de cassation, plus haute juridiction judiciaire française, avait cassé cette décision de la cour d’appel, ainsi que le maintien de la mise en examen du groupe pour « mise en danger de la vie d’autrui ». Elle avait renvoyé ces deux questions devant la chambre de l’instruction, dans une composition différente.

Les avocats de Lafarge, Christophe Ingrain, Rémi Lorrain et Paul Mallet, n’ont pas souhaité commenter. Les parties civiles ont salué une décision « emblématique » ainsi qu’une « étape importante » dans cette information judiciaire ouverte en juin 2017.

Le Monde avec AFP

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